L’océan Arctique via la Dempster Highway
C’est le 12 juillet que nous quittons Dawson City pour attaquer la fameuse Dempster Highway afin d’atteindre Tuktoyaktuk au bord de l’océan Arctique. Cette route a été construite à travers les territoires désertiques de l‘Arctique dans le but de désenclaver les populations du nord. La dernière portion qui relie Inuvik à Tuktoyaktuk n’a été ouverte qu’en 2017. Ces 880 kilomètres de piste sont aujourd’hui la seule voie terrestre sur sol canadien qui permet de relier l’océan Arctique.
La première étape de 408 km entre Dawson City et Eagle Plains, dont 368 km de piste sans aucune possibilité de ravitaillement, se déroule sans problème et sans frayeur. Après avoir traversé deux chaînes de montagnes et passé de la forêt boréale à la toundra, on passe la nuit au seul endroit possible, tout près du cercle polaire, et demain on repart pour une nouvelle grosse journée…
Il a plu une bonne partie de la nuit et les 365 km de piste entre Eagle Plains et Inuvik s’annoncent difficiles… La pluie a rendu la piste très glissante et il faut faire super attention.
Nous passons sans encombre le cercle polaire arctique, où nous croisons un couple d’Allemands qui voyagent en 4x4. Après un peu de blabla nous reprenons notre route, chacun à son rythme. Sur ce trajet il y a deux fleuves à traverser en ferry et en attendant le deuxième, nous nous retrouvons sous des trombes d’eau. Un énorme orage d’une vingtaine de minutes qui a rendu la route encore plus glissante… Nous retombons également sur le couple d’Allemands qui proposent d’emmener Beate avec eux, et moi je continue seul pour les 130 km restants. Les premiers kilomètres se passent très bien, la piste est mouillée mais dure, et moins mauvaise que prévu. Mais je me retrouve soudain sur une portion avec 4-5 cm de boue sur toute la surface de la route et après 2-3 contre-braquages désespérés, c’est la chute !! Sans mal heureusement, ni pour moi ni pour la moto, mais une immense frayeur quand même !!
La moto se retrouve avec un cylindre enfoncé dans 5 cm de boue et dans cette posture, impossible de la relever tout seul… Au bout de 10min s’arrête un monsieur et c’est avec toutes les peines du monde que nous arrivons à remettre la salamandre sur ses roues. Mais je ne suis pas au bout de mes peines car la moto est devenue incontrôlable. Non seulement les profils sont remplis, mais il y a en plus une couche de 2 cm de boue bien collante tout autour de chaque pneus. Je remets donc pied à terre afin d’enlever cette saleté du mieux que je peu, et c’est avec de la boue de la tête aux pieds que j’essaye tant bien que mal de repartir. Je dois faire plus d’un km avec les 2 pieds au sol à 5 km/h tellement la piste est boueuse et glissante. Je sors enfin de cette galère et cet avec soulagement que les 100km restants se passent sans nouvelle mauvaise surprise.
J’ai perdu au moins 1h dans cette aventure qui aurait pu se terminer bien plus mal, mais au final je rejoins Inuvik sain et sauf et ça restera une bonne anecdote. Et encore un grand merci à Gerhard et Marion qui ont permis à Beate de s’éviter un bain de boue quasi assuré…
Il n’a heureusement pas replu durant la nuit et c’est avec un peu de soleil que nous effectuons les derniers 140km qui nous séparent de Tuktoyaktuk et de l’océan Arctique. C’est une piste assez cassante avec pas mal de tôle ondulée, mais c’est sans nouvelle frayeur que nous atteignons le petit village de Tuktoyaktuk au bord de l’océan Arctique. Nous achevons ainsi le premier grand but de notre épopée avec ce qui sera le point le plus au nord de notre voyage !! Avec une mention spéciale pour ma Beste adorée, qui est vraiment une passagère exceptionnelle…
Il faut maintenant penser à prendre le chemin du retour et ça signifie à nouveau 880km de piste dans l’autre sens…
Mais avant de quitter Tuktoyaktuk nous faisons un petit tour en bateau sur l’océan arctique avec nos amis Marion et Gerhard, afin d’aller voir de plus près les fameux Pingos. Et non ça n’a rien à voir avec des pingouins. Un pingo est une colline de glace recouverte de terre qui se rencontre dans les régions arctiques, subarctiques et antarctiques. « Pingo » est un mot inuit désignant une petite colline en forme de cône.
Nous refaisons ensuite les mêmes étapes qu’à l’aller, avec des nuits à Inuvik et Eagle Plains, en partant à chaque fois aux aurores afin d’éviter la pluie qui ne viendra finalement pas… Et c’est sur les rotules que nous terminons notre périple de 6 jours sur la Dempster. De si longues étapes de piste sont plutôt éprouvantes, surtout en duo, mais c’était magnifique et ça en valait vraiment la peine. Ça restera à coup sûr un des Highlights de notre aventure !!!